samedi 20 avril 2013

Trek de Kalow au lac Inle



Arrivés à 17h30 à l'arrêt de bus de Taungoo pour partir "normalement" à 18h, nous avons pris notre mal en patience puisque le bus est finalement arrivé à 20h! Enfin posés à nos places, nous sommes partis pour 7h de bus en direction de Kalow où nous avions prévu de faire un trek jusqu'au lac Inle. Cependant, il y a toujours un hic et nous avons réalisé en nous réveillant à 2h du matin que le chauffeur avait oublié de s'arrêter et qu'il continuait sa route en direction de Nyaungshwe. Après négociations avec les responsables du bus qui, bien évidemment, ne parlaient pas un mot d'anglais, ils nous ont finalement déposé à 3h du matin à la station de bus d'un village perdu à 10 km de la ville où nous voulions descendre! Après une phase d'énervement et quelques insultes lancées discrètement, nous nous sommes resaisis afin de nous sortir de ce pétrin et de trouver un moyen de rejoindre Kalow rapidement. Bien sûr, il n'y avait plus de bus allant dans le sens inverse à cette heure tardive et la seule option, bien qu'onereuse, fût le tuk tuk qui nous a déposé à 4 h du matin à notre hotel!

Après une courte nuit, nous nous sommes renseignés sur les modalités du trek dont un copain turc, rencontré lors de notre voyage au Cambodge, nous avait parlé. 60 km en 3 jours avec nuits dans un village et dans un monastère et nos bagages transférés directement au lac Inle... Exactement ce qu'il nous fallait: adjugé-vendu
Nous avons profité du reste de la journée pour nous promener dans le village. Kalow se situant en altitude, l'air y est frais et nous sommes entourés par les collines. Il s'agit surtout d'un point de départ pour les randonnées mais le petit marché et les vendeurs de rue de samossas nous ont séduit et régalé!!

Le lendemain, nous étions sur le pied de guerre à 8h30 avec nos sacs à dos, fin prets pour le début du trek. Notre groupe était super sympas, 8 jeunes dont deux françaises, étudiantes en Inde et qui s'avèrent venir de l'EM Strasbourg! Le monde est petit... Notre guide d'origine indienne, qui est aussi le patron de l'hôtel, s'appelle Mr Robin et nous a conduit à travers les vallées, villages et champs birmans. Le paysage est vraiment différent de ce qu'on a vu auparavant. Au début, des petits airs du sud de la France avec des pins, puis le désert. En saison sèche, la région est très arides, nue de toute végétation et l'eau ce fait rare. Nous avons parcourus dans cet environnement environ 20 km par jour.
Le premier jour, nous nous sommes arrêté pour la pose déjeuner dans une gare de train perdue dans un petit village. Au début très calme, l'animation a débarqué en 2 minutes chrono à l'arrivé d'un train rempli de locaux. En un instant, toutes les odeurs, senteurs, couleurs sont arrivées. Gerbes de fleurs sortant par les fenêtres, femmes avec des herbes sur la tête et du tanakha sur les joues, enfants portant des paniers plus gros qu'eux. Nous en avons pris plein les yeux.









Plus tard dans l'après-midi, nous nous sommes arrêtés faire une pause dans la hutte du   médecin d'un village qui, paraît il, pouvait effectuer dans sa jeunesse un saut de 2 mètres de haut parce qu'il suivait les 5 préceptes de la religion boudhiste: ne pas tuer, ne pas mentir, ne pas voler, ne pas causer de tort à autrui, ne pas boire. En Birmanie, la plupart de habitants croient au bouddhisme, à l'astrologie mais aussi au pouvoir de la nature. Certains ne croient pas en la médecine moderne et se soignent par les plantes. Mr Robin croit en une utilisation de ses 2 sciences. Après quelques tasses de thés, dans lesquelles nous essayons les differentes "potions magiques", nous avons repris notre route jusqu'au village où nous allions passé la nuit.




Deux petites cabanes en bambou dans les champs: l'une pour les toilettes turcs, l'autre en  guise de cabine de douche avec une jarre remplie grâce à un puit et un bol pour se laver. Tres sommaire mais surtout très vivifiant!! Comme de coutume, un repas pantagruelique nous attendait dans la maisonnette et c'est dans une agréable ambiance que nous avons finis la soirée en jouant au Yanif ( jeux de cartes que nos copains israéliens nous ont appris).




Après une courte nuit bercée par les ronflements de Mr Robin, c'est à 5h30 du matin que le coq a chanté. Un solide petit déjeuner plus tard, nous voilà réparti pour une longue journée de marche. Les gens nous sourient et nous saluent, les villages se succedent. Nous nous arrêtons plus longuement dans l'un d'entre eux où une villageoise nous demande de l'aspirine pour sa fille qui a une rage de dent. Les birmans ont rarement acces aux médicaments et encore moins dans les petits villages de minorités éthniques. Après distribution de quelques médicaments de base, nous appercevons les 5 enfants de cette même villageoise dont 3 d'entre eux sont déjà moines! Etre moine en Birmanie est aussi un moyen de s'assurer que ces enfants vont avoir une bonne éducation et un avenir meilleur. Avec émerveillement, ils se sont prêtés au jeux de la photographie avec d'autres trekeurs, trop content de pouvoir voir le résultat sur les appareils photos numériques.




Plus loin sur la route, une ribambelle d'enfants jouaient dans la rivière avec des énormes buffles immergés.



Le soir venu, nous sommes arrivés en silence au monastère. Presque pas âmes qui vivent, à se demander si le site est encore habité. Le repas de la veille paraissait ridicule comparé à ce que le "cuisinier" nous avait préparé. Omelette, riz, légumes au poulets, purée de courge, curry et même des frites, de la papaye et de la pastèque. C'est un peu (voir très) aviné que le cuisinier s'est joint à nous pour le reste de la soirée. Il est arrivé avec 3 bouteilles de "grand royal" (whisky local) que nous (enfin surtout lui)  avons bu entièrement mixé avec de l'eau! Il était finalement très drôle, s'est mis à danser sur de la musique locale provenant de son téléphone et a fini par faire des câlins tel un chat à Guillaume...


Le monastere

Salle de bain tout confort

Toilettes

Le réveil du dernier jour de trek a été encore plus dur. Une fois de plus levé à 5h30 pour le petit dejeuner et pour commencer la randonnée "à la fraîche". Après les 15 derniers kilomètres, nous sommes enfin arrivés sous un soleil de plomb à l'embarcadère pour déjeuner.








Certains en ont profité pour une baignade tout habillé  dans la rivière avant de prendre la pirogue rejoignant Nyaungshwe (ville dortoir proche du lac) via le lac Inle.


Nos trois accompagnants, Mr Robin au centre, le cuisinier a droite

A ce moment, des paysages magnifiques se sont dévoilés. D'abord des canaux avec des barrages construits en bambou, puis soudain, l'immensité, le lac Inle avec ses 20 km de long, à 900 m d'altitude, dans sa ceinture de montagnes. Nous sommes finalement restés 4 jours dans ce paisible lieu.








Le jour suivant notre arrivée, nous nous sommes concertés avec la "fine équipe" du treck pour louer un petit bateau et approfondir notre brève visite de la veille.
Habité par les Intha (fils du lac) qui ont bâti leurs villages sur pilotis au XIIe siècles, ce lac est le 2ème plus grand du pays. Certains villages sont directement construits au beau milieu de l'eau (les terres étant déjà occupées par les Shan) et une vie sociale et professionnelle s'est créée. Pour survivre, ils apprirent les métiers de pêcheurs, tisserands, joaillers, forgerons et surtout agriculteurs sur des jardins flottants (et oui c'est possible!). Des masses de végétaux (algues, herbes aquatiques...) sont mêlés puis recouvertes de boue qu'ils ensemencent. Il y pousse des salades, concombres, potirons mais surtout des tomates qui, a certaines périodes de l'année, approvisionnent quasi tout le pays. De ce fait, de nombreux marchés flottant existent où les marchands échangent leurs produits de bateau à bateau.

Plus loin, nous avons pu admirer des pêcheurs avec leur technique de pêche unique. Ils sont debout sur leur pirogue et enroulent leur jambe autour de leur rame. Cela leur permet de garder les mains libres pour pêcher tout en faisant avancer leur esquif dans un gracieux mouvement. Cette image est unique et surprenante a la fois.





Nous sommes également passés devant de nombreux ateliers artisanaux de tissage (avec de la fibre de lotus), ombrelles, orfèvrerie, argenterie et fabriques de cheerots (cigare locaux). Tout un outillage manuel, dans la pure tradition, est encore utilisé. C'est ainsi que nous avons pu comprendre comment sont confectionnées ces si belles ombrelles à l'aide de la pulpe de popazin (sorte de mûrier) cuite pendant 8h puis repartie dans un tamis sur lequel il rajoute la décoration telle que des pétales de fleurs qui s'intègrent dans le papier lors du séchage.

Extraction de la fibre de lotus



Travail de la pate de papier

Fabrication de cigares birmans


Si de ce site se dégage une sereinité certaine, nous remarquons à regret que, comme dans beaucoup de pays sous développés, le traitement des déchets est inexistant et que la déforestation chamboule l'écosystème. Le lac Inle a perdu 1/3 de sa superficie en 60 ans ce qui nous fait réfléchir sur les enjeux environnementaux qui ne sont malheureusement pas la priorité des gouvernements. Heureusement que l'UNESCO "limite la casse" et protège certains patrimoines même si à mon sens cela ne remplacera jamais une conscience collective.

La découverte ne s'arrête heureusement pas là, nous sommes partis à 8h de route de là, à Mandalay, centre géographique du pays et 2ème ville du Myanmar.

1 commentaire:

  1. Vos photos sont superbes! J'espere que la fin du voyage s'est bien passé.
    Profitez bien du Sri Lanka!
    A tres bientot
    Ion

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